Les logiciels sont la colonne vertébrale des entreprises modernes. Cependant, comme toute technologie, ils vieillissent, deviennent obsolètes ou ne répondent plus aux besoins croissants des utilisateurs et du marché. Moderniser un logiciel est souvent incontournable, mais cette transition s’accompagne de défis techniques, financiers et organisationnels.
Dans cet article, nous explorons trois stratégies principales pour moderniser un logiciel : l’approche incrémentale, la migration parallèle et l’approche « big bang ». En vous présentant les avantages et les risques associés à chacune des approches de modernisation, vous serez en mesure de choisir celle la plus adaptée à votre refonte.
Approche de modernisation de type « incrémentale »
L’approche incrémentale consiste à moderniser un logiciel en plusieurs phases de développement. Plutôt que de remplacer l’ensemble du système en une seule fois, les équipes de développement modernisent progressivement des parties spécifiques : modules, fonctionnalités ou interfaces.
Avantages
Réduction des risques : Chaque étape est testée et validée avant de passer à la suivante, limitant l’impact des erreurs.
Adaptabilité : Permet d’ajuster les priorités en cours de route en fonction des retours des utilisateurs ou des évolutions des besoins d’affaires.
Continuité opérationnelle : Les utilisateurs continuent d’utiliser le logiciel pendant la transition.
Risques
Complexité accrue : Gérer des systèmes hybrides (ancien et nouveau) pendant la transition peut compliquer les opérations.
Durée prolongée : La modernisation par étapes peut prendre plus de temps que les autres approches.
Coûts élevés: Cette méthode est généralement la plus coûteuse, car elle nécessite de s’interconnecter aux technologies existantes, tout en sachant que ces ponts seront ultimement abandonnés.
Quand l’utiliser ?
L’approche incrémentale est idéale lorsque :
Le logiciel est critique pour l’entreprise et ne peut être arrêté.
Les équipes disposent d’un budget limité, mais souhaitent démontrer de manière progressive et rapide des résultats.
Les risques d’interruption doivent être minimisés.
Exemple
Si vous utilisez AccèsD de Desjardins, vous avez peut-être déjà vu cette stratégie à l’œuvre ces dernières années. En effet, ils ont modernisé l’espace client section par section au lieu d’opter pour un changement massif. Ainsi, il était fréquent de voir cohabiter l’ancien style avec le nouveau dans l’interface. Bien que cette méthode puisse sembler moins idéale sur le plan de l’expérience utilisateur, elle a permis à Desjardins de scinder son projet en phases plus digestes, réduisant les risques associés à une refonte complète et assurant une continuité des services critiques. Cette approche leur a également permis de recueillir des retours d’utilisateurs à chaque étape pour ajuster et améliorer progressivement le produit.
Approche de modernisation de type « migration parallèle »
La migration parallèle consiste à développer un nouveau logiciel tout en maintenant l’ancien en fonctionnement. Les deux systèmes coexistent temporairement, et les utilisateurs passent progressivement du logiciel existant au nouveau.
Avantages
Sécurité : L’ancien système fait office de sauvegarde en cas de défaillance du nouveau puisqu’il continue de fonctionner en parallèle.
Tests en conditions réelles : Les fonctionnalités du nouveau logiciel peuvent être testées avec des données réelles sans impacter les opérations.
Transition fluide : Les utilisateurs bénéficient d’une courbe d’apprentissage progressive.
Risques
Coûts élevés : Maintenir deux systèmes en parallèle demande des ressources humaines et financières importantes.
Gestion des données : Assurer la cohérence et la synchronisation des données entre les deux systèmes peut devenir complexe.
Conflits organisationnels : Les équipes peuvent être partagées entre les deux systèmes, ce qui peut ralentir la collaboration.
Quand l’utiliser ?
Cette stratégie convient lorsque :
Les deux systèmes peuvent fonctionner simultanément sans compromettre les opérations.
Une phase de test étendue est nécessaire pour valider le nouveau logiciel.
L’entreprise peut allouer des ressources pour maintenir deux environnements.
Exemple
Un hôpital souhaite moderniser son système de gestion des dossiers médicaux. Le nouveau logiciel est déployé service par service, tandis que l’ancien reste opérationnel jusqu’à ce que tous les services soient migrés avec succès.
Approche de modernisation de type « big bang »
L’approche « big bang » consiste à remplacer le logiciel existant par un nouveau en une seule étape. À une date précise, l’ancien système est arrêté et le nouveau prend le relais.
Avantages
Mise en œuvre rapide : Une fois la transition effectuée, le nouveau logiciel est immédiatement opérationnel.
Simplicité structurelle : Pas de coexistence entre ancien et nouveau système, ce qui simplifie la gestion.
Impact visible : Cette méthode peut avoir un effet « wow » auprès des utilisateurs si bien exécutée.
Risques
Risque élevé : Une défaillance lors de la transition peut entraîner des interruptions importantes.
Résistance au changement : Les utilisateurs peuvent être désorientés par un changement soudain.
Tests limités : Il est souvent complexe de tester toutes les fonctionnalités dans un environnement réel avant le déploiement final.
Quand l’utiliser ?
L’approche « big bang » est adaptée lorsque :
Le logiciel existant n’est plus viable ou sécurisé.
Les données et processus sont simples, limitant les risques de complications.
L’entreprise peut tolérer une brève interruption des opérations.
Exemple
Une PME décide de remplacer son logiciel de gestion comptable par un ERP cloud. Après six mois de préparation, la transition se fait en un week-end, et le nouveau système est opérationnel dès le lundi.
Choisir la bonne stratégie
Personne ne souhaite que son projet de transformation numérique se transforme en fiasco, comme ce fut le cas au Québec pour SAAQclic. Lancée en février 2023, cette plateforme de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) visait à permettre aux clients d’effectuer la plupart des transactions en ligne. Cependant, son déploiement a été marqué par de nombreux ratés, entraînant des fermetures de services et des files d’attente prolongées. La vérificatrice générale du Québec a même déclenché un audit sur ce déploiement, qualifié de « fiasco » par le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire.
Pour éviter de tels écueils, il est crucial de choisir la stratégie de modernisation logicielle la mieux adaptée à votre organisation.
Évaluation des besoins
Chaque entreprise est unique, et le choix de la stratégie doit être guidé par une analyse approfondie des besoins. Posez-vous les questions suivantes :
Quelle est la criticité du logiciel pour l’entreprise ?
Quel est le niveau de tolérance aux risques ?
Quelles sont les ressources humaines, financières et techniques disponibles ?
Quelles sont les attentes des parties prenantes, notamment les utilisateurs ?
Prendre en compte la culture d’entreprise
Certaines entreprises privilégient la stabilité et l’approche incrémentale, tandis que d’autres, plus axées sur l’innovation, préfèrent des solutions audacieuses comme le « big bang ». La culture d’entreprise joue un rôle essentiel dans le succès de la transition.
Équilibrer les contraintes
Le budget, le calendrier et les objectifs commerciaux influencent également la stratégie. Dans certains cas, une combinaison des trois approches peut être envisagée.
Conclusion
La modernisation d’un logiciel est un défi complexe, mais essentiel pour garantir la compétitivité et la pérennité d’une entreprise. L’approche incrémentale, la migration parallèle et l’approche « big bang » ont chacune leurs forces et leurs faiblesses. Le succès repose sur un diagnostic précis, une planification rigoureuse et une communication transparente avec toutes les parties prenantes.
En choisissant la stratégie de modernisation adaptée, vous transformerez cette transition en une opportunité de croissance et d’innovation. Besoin d’un accompagnement personnalisé ? N’hésitez pas à nous contacter pour un diagnostic sur mesure.